Aller au contenu principal
Photo

Entre Radisson et Whapmagoostui-Kuujjuarapik

18 septembre 2014

Dix étudiants en géographie ont exploré pendant deux semaines les régions environnant la baie James et la baie d'Hudson

«Les gens aiment visiter la Gaspésie ou la Côte-Nord, mais c'est rare qu'ils pensent à aller dans le Nord-du-Québec, soutient l'étudiante Catherine Laplante, inscrite à la maîtrise en agroforesterie. Pourtant, c'est tellement différent! Les paysages sont merveilleux et les gens sont fantastiques!»

De toute évidence, Catherine Laplante a particulièrement aimé son excursion de deux semaines dans les régions environnant la baie James et la baie d'Hudson, en août dernier. Ce cours intensif sur le terrain, axé sur les milieux nordiques, mettait un terme à son baccalauréat en géographie. Huit autres étudiants inscrits au même programme, ainsi qu'un autre à la maîtrise, faisaient partie de l'excursion dirigée par les professeurs Najat Bhiry et Martin Lavoie ainsi que le directeur associé des programmes de 1er cycle au Département de géographie, Yves Brousseau. Six étudiants de l'UQAR et de l'UQAM complétaient le groupe. Le Centre d'études nordiques de l'Université Laval a collaboré à l'organisation du voyage. 

En Abitibi-Témiscamingue, à la porte de la région de la baie James, les participants ont visité quelques sites d'intérêt. Ils ont notamment vu les installations de la minière Canadian Malartic dans la municipalité du même nom. Une fois en Jamésie, ils ont exploré la région près de Radisson, s'initiant aux impacts du climat sur la faune et la flore locales. Ils ont aussi eu un aperçu du fonctionnement des écosystèmes nordiques.
Le matin, les étudiants faisaient des présentations orales. Ensuite, ils pouvaient rencontrer des conférenciers locaux. L'après-midi était consacré à des activités de terrain. Le même programme les attendait dans la région de la baie d'Hudson, encore plus au nord. «Durant le voyage, plusieurs conférenciers nous ont parlé de leur vie de pêcheur ou de chasseur, rappelle Catherine Laplante. Je ne sentais pas d'opposition entre leurs activités traditionnelles et leur vie moderne. En Hudsonie, certains conférenciers inuits pouvaient nous entretenir sur leur conception mythologique de la création du monde et nous parler de géomorphologie la minute d'après.»

En Jamésie, les étudiants ont visité les barrages hydroélectriques du complexe La Grande 2. Ils ont vu la rivière Rupert dont une partie du débit a été dérivée pour alimenter les centrales. «Nous nous sommes aussi rendus dans une forêt de pins gris dévastée par l'incendie majeur de l'été 2013, raconte l'étudiante Gabrielle Filteau. C'était près de Radisson. À cet endroit, nous avons étudié l'impact du feu et la régénération de la végétation. On a vu au sol beaucoup de pousses de thé du Labrador.»

En Hudsonie, le groupe a séjourné quelques jours à Whapmagoostui-Kuujjuarapik. À cet endroit situé au sud-est de la baie d'Hudson, un village amérindien cri coexiste avec un village inuit. «Écoles, services de santé, services de police, ils ont tout en double parce qu'ils sont de culture différente, explique Catherine Laplante. Malgré certaines frictions, les deux communautés, qui totalisent un millier d'habitants, ont une ressource en commun: un congélateur communautaire. Les habitants y mettent certains produits de la chasse et de la pêche à l'intention de ceux qui ont des besoins en nourriture.»

Les tourbières ont été l'objet d'une attention particulière lors de ce voyage. Pour les voir, il fallait d'abord rouler et ensuite marcher quelques centaines de mètres en forêt. En Hudsonie, toutefois, le groupe a dû en une occasion marcher huit kilomètres sous la pluie battante avant d'arriver à destination. «Ce qui est particulier avec les tourbières à palses, ce sont les tapis végétaux, souligne l'étudiante. Ces tapis peuvent paraître solides, mais ils ne le sont pas toujours. On peut caler jusqu'à mi-cuisses!» Sur le même site, les étudiants ont fait une coupe stratigraphique à l'aide d'une pelle. Ils ont ainsi pu voir la stratigraphie du sol jusqu'à l'argile.

Autour de Whapmagoostui-Kuujjuarapik, les étudiants ont étudié les paysages typiques de l'endroit. Les sommets des montagnes sont dénudés et sans végétation à cause des vents. Les épinettes blanches se retrouvent dans de petites vallées en contrebas. «Peu d'espèces peuvent vivre dans cet environnement, indique Gabrielle Filteau. Les hivers sont plus longs et il vente beaucoup. Les grandes quantités de mousses et de lichens qu'on y trouve sont caractéristiques du Nord québécois en général.»

Dans la même région, les étudiants se sont penchés sur des formations rocheuses très anciennes sur lesquelles ils ont observé de fines cannelures peu profondes consécutives au passage des glaciers. «En classe, on entend parler de dynamiques, de processus, mais cela reste théorique, soutient Catherine Laplante. La présence de trois enseignants nous a permis de varier les disciplines à l'étude et de vraiment intégrer ce qu'on a vu en classe.»

L'observation de spectaculaires aurores boréales dans le ciel nordique restera parmi les plus beaux souvenirs des deux étudiantes. «À Radisson, raconte Catherine Laplante, on se couchait entre 22 et 23 heures. Mais il y en avait toujours un qui sortait pour regarder le ciel et crier: “Aurore boréale!” Nous sortions tous aussitôt, nu-pieds et en pyjama.»

Article par Yvon Larose paru dans le Fil des événements le 18 septembre 2014

Photo
Retourner à la liste d'actualités