Aller au contenu principal

Actualités

Photo

Le département accueille un nouveau professeur

18 décembre 2014

Le département de géographie souligne la venue du nouveau professeur Étienne Berthold, spécialiste de l'aménagement durable de la ville, qui est entré officiellement en fonction le 1er novembre.

Photo

Prix de la meilleure moyenne au Baccalauréat en géographie 2014

22 septembre 2014

La Société de géographie de Québec a l’honneur de présenter pour une septième année consécutive le prix de la meilleure moyenne au Baccalauréat en sciences géographiques à Mme Jessica Leclerc-Pichette.

Âgée de 26 ans, Jessica Leclerc-Pichette est fière de son parcours académique atypique qui lui a permis d’acquérir de la maturité et des connaissances dans de nombreux domaines. Native de Québec et grande voyageuse, elle avait amorcé ses études universitaires en géologie avant de se tourner, quelques années plus tard, vers la géographie. Au fil du temps, des cours et des expériences personnelles, son intérêt pour le développement rural s’est précisé. Désormais « fille de campagne », elle entame actuellement une maîtrise de recherche portant sur cette question au Département de géographie de l’Université Laval.

La présidente de la SGQ, Mme Nathalie Gravel, professeure au Département de géographie de l’Université Laval, lui a remis un chèque de 500 dollars en septembre 2014.

Sincères félicitations pour le beau travail accompli, Jessica, et bonne continuité dans tes études!

Photo

Entre Radisson et Whapmagoostui-Kuujjuarapik

18 septembre 2014

Dix étudiants en géographie ont exploré pendant deux semaines les régions environnant la baie James et la baie d'Hudson

«Les gens aiment visiter la Gaspésie ou la Côte-Nord, mais c'est rare qu'ils pensent à aller dans le Nord-du-Québec, soutient l'étudiante Catherine Laplante, inscrite à la maîtrise en agroforesterie. Pourtant, c'est tellement différent! Les paysages sont merveilleux et les gens sont fantastiques!»

De toute évidence, Catherine Laplante a particulièrement aimé son excursion de deux semaines dans les régions environnant la baie James et la baie d'Hudson, en août dernier. Ce cours intensif sur le terrain, axé sur les milieux nordiques, mettait un terme à son baccalauréat en géographie. Huit autres étudiants inscrits au même programme, ainsi qu'un autre à la maîtrise, faisaient partie de l'excursion dirigée par les professeurs Najat Bhiry et Martin Lavoie ainsi que le directeur associé des programmes de 1er cycle au Département de géographie, Yves Brousseau. Six étudiants de l'UQAR et de l'UQAM complétaient le groupe. Le Centre d'études nordiques de l'Université Laval a collaboré à l'organisation du voyage. 

En Abitibi-Témiscamingue, à la porte de la région de la baie James, les participants ont visité quelques sites d'intérêt. Ils ont notamment vu les installations de la minière Canadian Malartic dans la municipalité du même nom. Une fois en Jamésie, ils ont exploré la région près de Radisson, s'initiant aux impacts du climat sur la faune et la flore locales. Ils ont aussi eu un aperçu du fonctionnement des écosystèmes nordiques.
Le matin, les étudiants faisaient des présentations orales. Ensuite, ils pouvaient rencontrer des conférenciers locaux. L'après-midi était consacré à des activités de terrain. Le même programme les attendait dans la région de la baie d'Hudson, encore plus au nord. «Durant le voyage, plusieurs conférenciers nous ont parlé de leur vie de pêcheur ou de chasseur, rappelle Catherine Laplante. Je ne sentais pas d'opposition entre leurs activités traditionnelles et leur vie moderne. En Hudsonie, certains conférenciers inuits pouvaient nous entretenir sur leur conception mythologique de la création du monde et nous parler de géomorphologie la minute d'après.»

En Jamésie, les étudiants ont visité les barrages hydroélectriques du complexe La Grande 2. Ils ont vu la rivière Rupert dont une partie du débit a été dérivée pour alimenter les centrales. «Nous nous sommes aussi rendus dans une forêt de pins gris dévastée par l'incendie majeur de l'été 2013, raconte l'étudiante Gabrielle Filteau. C'était près de Radisson. À cet endroit, nous avons étudié l'impact du feu et la régénération de la végétation. On a vu au sol beaucoup de pousses de thé du Labrador.»

En Hudsonie, le groupe a séjourné quelques jours à Whapmagoostui-Kuujjuarapik. À cet endroit situé au sud-est de la baie d'Hudson, un village amérindien cri coexiste avec un village inuit. «Écoles, services de santé, services de police, ils ont tout en double parce qu'ils sont de culture différente, explique Catherine Laplante. Malgré certaines frictions, les deux communautés, qui totalisent un millier d'habitants, ont une ressource en commun: un congélateur communautaire. Les habitants y mettent certains produits de la chasse et de la pêche à l'intention de ceux qui ont des besoins en nourriture.»

Les tourbières ont été l'objet d'une attention particulière lors de ce voyage. Pour les voir, il fallait d'abord rouler et ensuite marcher quelques centaines de mètres en forêt. En Hudsonie, toutefois, le groupe a dû en une occasion marcher huit kilomètres sous la pluie battante avant d'arriver à destination. «Ce qui est particulier avec les tourbières à palses, ce sont les tapis végétaux, souligne l'étudiante. Ces tapis peuvent paraître solides, mais ils ne le sont pas toujours. On peut caler jusqu'à mi-cuisses!» Sur le même site, les étudiants ont fait une coupe stratigraphique à l'aide d'une pelle. Ils ont ainsi pu voir la stratigraphie du sol jusqu'à l'argile.

Autour de Whapmagoostui-Kuujjuarapik, les étudiants ont étudié les paysages typiques de l'endroit. Les sommets des montagnes sont dénudés et sans végétation à cause des vents. Les épinettes blanches se retrouvent dans de petites vallées en contrebas. «Peu d'espèces peuvent vivre dans cet environnement, indique Gabrielle Filteau. Les hivers sont plus longs et il vente beaucoup. Les grandes quantités de mousses et de lichens qu'on y trouve sont caractéristiques du Nord québécois en général.»

Dans la même région, les étudiants se sont penchés sur des formations rocheuses très anciennes sur lesquelles ils ont observé de fines cannelures peu profondes consécutives au passage des glaciers. «En classe, on entend parler de dynamiques, de processus, mais cela reste théorique, soutient Catherine Laplante. La présence de trois enseignants nous a permis de varier les disciplines à l'étude et de vraiment intégrer ce qu'on a vu en classe.»

L'observation de spectaculaires aurores boréales dans le ciel nordique restera parmi les plus beaux souvenirs des deux étudiantes. «À Radisson, raconte Catherine Laplante, on se couchait entre 22 et 23 heures. Mais il y en avait toujours un qui sortait pour regarder le ciel et crier: “Aurore boréale!” Nous sortions tous aussitôt, nu-pieds et en pyjama.»

Article par Yvon Larose paru dans le Fil des événements le 18 septembre 2014

Photo

Mystérieux canyons

22 avril 2014

Le professeur Patrick Lajeunesse avance une hypothèse pour expliquer la présence de canyons enfouis sous le lit de nombreuses rivières du Québec

Il y a environ sept ans, le professeur Patrick Lajeunesse, du Département de géographie, regardait un reportage sur la construction du barrage Daniel-Johnson dans les années 1960 quand une scène l'a frappé. On y voyait des travailleurs qui déblayaient les sédiments entassés dans un canyon situé au fond de la rivière Manicouagan, près du barrage Manic-5. «Les images étaient spectaculaires, se souvient-il, mais quelque chose clochait. La présence d'un tel canyon au fond d'une vallée en U ne concordait pas avec l'explication courante pour la formation des vallées glaciaires.» 

En effet, selon l'idée reçue, les vallées en U résultent de l'action érosive des glaciers sur le socle rocheux de vallées où coulaient d'anciennes rivières. «En théorie, les glaciers auraient complètement érodé et même surcreusé le socle rocheux de ces vallées. La présence de ce canyon près de Manic-5 suggérait que l'érosion glaciaire était moins importante qu'on le croyait.»

Intrigué par ce phénomène, le chercheur a voulu savoir s'il existait d'autres canyons de ce type au Québec. Pour répondre à cette question, il a exploité trois filons: des documents d'Hydro-Québec datant de 1958 à 2012 relatifs à la construction de barrages, des profils sismiques de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent dressés par la Commission géologique du Canada au cours des dernières décennies et les sondages hydroacoustiques qu'il a lui-même effectués avec son équipe du Centre d'études nordiques au cours des huit dernières années.

Résultat? «Il est fort probable que de tels canyons soient présents dans presque toutes les vallées en U de l'est du Canada et peut-être même dans les Rocheuses et dans d'autres régions du monde, avance le chercheur. Il y en a probablement dans les grandes vallées glaciaires de la région de Québec, soit celles des rivières Jacques-Cartier, Malbaie et Sainte-Anne.»

Au Québec, ces gorges auraient été formées avant les grandes glaciations il y a plus de 2,6 millions d'années. Leur taille est impressionnante: elles ont souvent plus d'une cinquantaine de mètres de hauteur et une trentaine de mètres de largeur. Au fil des millénaires, ces canyons se sont remplis de sédiments de sorte qu'ils sont aujourd'hui enfouis sous le lit des rivières. 

Leur présence a d'ailleurs causé des maux de tête aux ingénieurs d'Hydro-Québec pendant la construction de plusieurs barrages dont ceux des projets Manic, Outardes et Péribonka. «Les sédiments grossiers qu'ils contiennent sont perméables de sorte que l'eau pouvait s'écouler par ces canyons. À Péribonka, Hydro-Québec a embauché une firme allemande pour étanchéifier le canyon. À Manic-5, les sédiments ont dû être complètement enlevés, à grand coût, pour permettre l'installation des caissons en béton.» 

Si ces canyons ne sont pas le résultat d'une érosion sous-glaciaire, comment expliquer leur formation? Dans l'édition de mars-avril du Geological Society of America Bulletin, Patrick Lajeunesse avance l'hypothèse qu'il s'agirait de vestiges d'anciennes vallées de rivières qui n'ont pas été érodées lors des grandes glaciations. Ces rivières appartenaient à un système fluvial qui aurait pu s'étendre du Labrador jusqu'à l'Ouest canadien. Les profondes incisions creusées dans le roc suggèrent qu'à cette époque lointaine, il y avait un grand dénivelé entre l'intérieur des terres et la mer. «Un fort gradient topographique pourrait expliquer comment les rivières sont parvenues à creuser des gorges de telles dimensions. C'est ce qu'on observe aujourd'hui dans les régions du monde soumises à une remontée tectonique. Plus la pente est forte, plus les rivières ont tendance à inciser le roc.»

Article par Jean Hamann paru dans le Fil des événements le 6 mars 2014